[Copaing] Sebsauvage

Posté le 24/08/2016

Sebsauvage ou plutôt Sebastien Sauvage(1) de son vrai nom est un "Monsieur tout le monde". Et comme n'importe quel mec lambda, son lieu de résidence, son boulot ou encore sa famille n’intéressent personne. Comme n'importe qui, il dit et fait des conneries. Et là n'est pas le sujet.

Mais d'un point de vue numérique et développement, il a eu le mérite de particulièrement marquer mes sensibilités et investissements. C'est un développeur web passionné, pas forcément très talentueux ou avec des approches toujours très orthodoxes mais il a une vision d'ensemble et une volonté de partage qui lui a permis de fédérer autour de ses créations plusieurs curieux et autres passionnés.

Assez régulièrement, il enrichit son portail de nouvelles créations numériques. Dans leurs grandes majorités, elles essayent de respecter certains critères :
* outils "KISS"(2), facile à installer et paramétrer
* outils décentralisés, duplicables, généralement dédiés à l'auto-hébergement(3)
* projets ouverts aux modifications, duplications et reprises

A l'image de son site "old school", l'idée est d'aller au principal, supprimant tout éventuel superflu. Et ça tombe bien, la reprise graphique de ses projets étant un bon point d'entrée pour commencer à "forker"(4) et s'approprier ses créations.

Vous pourrez retrouver plusieurs de ses outils (et d'autres) ainsi que quelques conseils sur son wiki(5). J'attire toutefois votre attention sur quelques projets assez illustratifs des points que j'avance.

---
## Zerobin
Il s'agit d'un simple pastebin(6) ordinaire, visant la préservation des données stockées à travers un chiffrement. Pour la petite anecdote, c'est à partir de cet outil que quelques Anonymous(7) avaient d'ailleurs lancé leur "Anonpaste".

Du coup, la communauté s'est saisi de cet outil pour l'améliorer, y apporter des avis, voire même un audit de sécurité. Un des meilleurs fork à mon sens est celui de Sam&Max (j'aurai l'occasion de reparler d'eux) sur une base Python, dont les sources sont disponibles sur Github
Démo de Zerobin
Zerobin, version Framasoft

---
## RSS Bridge
L'outil permet de générer des flux RSS de sites qui n'en proposent pas. Pour les plus novices, sachez que ce format de données permet de consulter "automatiquement" les mises à jour d'un site Web. Cela permet concrètement d'être alerté de la publication d'un nouvel article sur un site que vous aimez ou encore de suivre les derniers tweet de quelqu'un.

Là encore, la communauté a pris les choses en main pour améliorer et corriger le projet; projet désormais seul actif dont les sources sont sur Github
Démo de RSS Bridge

---
## Shaarli
L'outil que j'utilise le plus au quotidien ! Il permet très simplement de stocker des liens Web, puis de les enrichir de commentaires et de mots clés afin d'archiver proprement tout ça. Ce principe de base a été considérablement enrichi de fonctionnalités annexes, à travers notamment un fork communautaire (dont les sources sont par ici)
Démo de Shaarli - version communautaire

Bref, 'pas mal de temps à perdre dans tout ça. J'avoue en tout cas que ces créations ont été déterminantes dans mes investissements personnels et numériques, me permettant de participer à mes premiers projets communautaires ou à publier mes premières lignes de code sur Framacode(8).

----
1- http://sebsauvage.net
2- Keep It Simple and Stupid
3- Hébergement de ses outils Web sur ses propres supports
4- Logiciel créé à partir d'une modification d'un autre existant
5- http://sebsauvage.net/wiki/doku.php
6- Application permettant de mettre en ligne des morceaux de textes, de code, ... Vous stockez du texte, envoyez l'URL générée à votre copain et pouf, il peut tout lire
7- Mouvements d'hacktivistes numériques
8- Promo dedicated to Jørd

(Photo by Kristian Seedorff)

12€50 : le prix du nuisible

Posté le 03/03/2016

L'IMG de l'année dernière avait mis en relief plusieurs aspects. Au delà de la nouvelle et de la douleur l'accompagnant, j'avais déjà souligné l'importance de l'entourage familial. A l'époque, nous avions initialement décidé de très rapidement informer la famille proche de cette nouvelle, à l'époque où elle était encore "heureuse". Après l'annonce d'une IMG imminente, cela nous avait permis d'être réellement entourés et accompagnés.

Je n'ai pourtant pas fait mention de la présence capitale du corps médical. A chaque instant, et chacun à leurs niveaux, médecins et sages femmes ont fait preuve d'un soutien et d'un humanisme qui ont été capital dans notre gestion des difficultés : à peine la nouvelle fût-elle annoncée que déjà plusieurs rendez-vous étaient fiés, tant de contrôle que d'accompagnement psychologique.

Toutefois, malgré ce fabuleux soutien, je me souviens avoir très mal (di)géré les différentes étapes administratives. Dès les premiers documents (relatifs à la demande de présentation de notre dossier devant le staff médical) manquait un simple encart relatif à la signature du presque-même-pas-futur-père. Dès cet instant, je n'avais pas de voix à faire entendre, pas d'accord à donner. Bien sûr, je ne portais pas ce fœtus dans mon ventre, mais bordel, je l'avais déjà dans les tripes ! Il est certain que cette absence d'emplacement sur lequel apposer ma signature doit sûrement se justifier sous différents regards, notamment juridiques. Mais dès le début, on m'enlève cette seconde paternité désiré. A l'inverse de ma compagne qui a eu à subir sur son corps les différentes étapes de l'IMG, cette interruption de grossesse débutait pour moi, dès ces premiers instants de vide administratif. Avec le recul, je continue de ressentir cela comme une sanction; sanction punissant le père investi, coupable de s'être projeté dans la grossesse dès son annonce.

Les documents se sont succédés, avec à chaque fois le même constat. Aucune signature du père n'est demandée. Puis, la veille de l'IMG, lors d'un dernier entretien préparant l'hospitalisation, se doit d'être abordé la question de "l'après". Proposition de déclaration de l'enfant mort-né pour l'état civil, obsèques éventuelles, ... Avec bien sûr, des documents à signer. Alors qu'il n'est plus question de vie - ou même de fin de vie mais bien de cet "après", la signature du père est demandée. De "physiquement présent" pour la procréation, à "administrativement transparent" pour les décisions relatives à l'IMG, je suis soudainement appelé à donner des accords sur la gestion d'un corps que l'on n'ose même pas désigner ainsi. Dans toute cette transparence, il est certain que la perception - même générale - de l'individu vis à vis de la paternité en prend un coup.

Cette transparence, ainsi que les doutes et frustrations associés, m'ont pas mal suivi pendant un an. C'est donc avec logique que je m'étais préparé à une situation similaire pour cette seconde IMG. Et à raison. Mais lors du désormais habituel entretien préalable à l'hospitalisation, m'est (directement !) demandé si je désire passer les deux nuits à l'hôpital, au chevet de ma femme. J'ai une nouvelle fois envie de répondre par la négative. Non. Je ne "désire" pas. Pas plus que ma compagne ne "désire" subir un acte médicalement et psychologiquement douloureux. Mais ma présence à ses côtés, à chaque instant de cette épreuve, m'apparaît comme une nécessité. Je répond donc d'un "oui" laconique, sincère mais non désiré. La sage femme change de posture; laisse une gène certaine s'exprimer. Elle m'annonce que désormais, la mise à disposition d'un lit de camp accompagnant est facturé 12€50 par nuit.

Même si j'ai quitté mon emploi depuis la précédente IMG, la question financière n'est pas, me concernant, le fond du problème. Mais la somme dépasse l'éventuel montant "symbolique" qui pourrait se justifier par les difficultés financières rencontrées par l'hôpital public. Non. Là, je ne peux m’empêcher d'y voir - ou tout du moins de ressentir, l'impression que je passe du statut de l'homme-transparent à celui d'homme-nuisible. Sur ce point, la gène du corps médical montre bien que médicalement, ils apprécient ma présence auprès de ma compagne pour le soutien potentiellement déterminant que je peux lui apporter dans l'épreuve à venir, mais l'entité administrative ne souhaite pas me voir à ses côtés. Je suis administrativement et financièrement parlant, un papa-nuisible.