Chute et rechute

Posté le 11/09/2015

Je pensais que le pire était passé. De l'annonce aux différents deuils, en passant par les différents rendez-vous réguliers, les craintes du quotidien et de l'après. Je pensais que le pire était dernière nous après l'acte déclenché induit par l'IMG.

Il y aurait eu alors à attendre début juin pour un dernier rendez-vous médical douloureux pour ensuite pouvoir se projeter sereinement sur l'après. Avec en bonus les mois d'été pour se reconcentrer sur nous, notre couple, notre famille.

Quel con.

Quel con je fais.

Début juin n'a pas été la fin des temps de merde, mais le début de la psychose s'ajoutant à l'angoisse. Celle de l'annonce où on ne te parle plus que de génétique. Avec la jolie part d'incertitude que ça implique, le poids que cela ajoute sur ton couple déjà bien malmené. Il aura donc fallu quelques confirmations en juillet. Alors que tu imaginais quelques heures de rêveries en famille, les mains dans le sable à monter un château ou autour d'une table dans le jardin, tu te retrouves le cul vissé sur une chaise, au dernier étage de l'hôpital.

Le mec est une pointure, c'est certain. Il prend le temps de nous faire comprendre, de tout nous dire. "Mon objectif est qu'à l'issu de cet entretien vous en sachiez autant que moi". Trois heures. Trois longues heures à parler risques, pistes, hypothèses, avec quelques schémas à l'appuit. Ma femme est agitée, des craintes qu'elle a considérablement alimentées par sa compréhension du jargon médical - merci les études de bio et de trop longues recherches sur Internet. "J'ai besoin de rentrer dans les détails techniques pour comprendre et avancer, j'ai besoin de savoir".

Moi c'est l'inverse. Je suis limité dans mes envies et capacités de compréhension. Je ne veux pas tout comprendre, pas tout savoir. Je ne veux pas tout quantifier. Je n'ai pas besoin de savoir ce qui crâme en premier quand je met la main au feu pour savoir que ça brûle et qu'il faut être fondamentalement con pour recommencer. Ben ces trois heures et moi, c'était trop. Je me souviens de cette sensation en fin d'entretien; à mi chemin entre le drogué et l'alcoolique, la démarche titubante, la nausée et les mains tremblantes.

Les jours passent. De toute manière, tu as bien conscience qu'un truc s'est brisé. En tout cas pour ta compagne. Elle voulait tout savoir et ce n'était peut être pas la meilleur chose à faire. Avec comme premier truc qui aurait dû me faire tiquer, cette merde de premier réflèxe "Je vais voir sur internet". Mais je n'ai rien fais, j'étais peut être encore sonné par tout cela. Ou fuyant. Mais bordel. Quel con.

Quel con.

Des idées, des idées.

Posté le 10/09/2015

Je me torturais l’esprit. Tiraillé entre le travail et mes attentes, le bordel que sont nos quotidiens, et l’envie de composer. Chaque élément était devenu l’occasion de se prendre la tête, de se perdre et de s’emmêler. C’est bien parfois de s’emmêler, du moment que tu n’oublies pas où est situé l’issue de secours. Mais ça, je ne le savais pas. D’ailleurs je ne le sais toujours pas. C’est ce qui est chiant quand tu écris… Une foule d’idées qui te tiennent a cœur s’entremêlent et s’emmêlent et au final, personne n’arrive a suivre ton raisonnement. Tiens, les idées elles aussi se mêlent, mais elles n’ont pas besoin d’issu de secours. Pourtant, leur quotidien est loin d’être simple et monotone. Entre les idées fausses et les idées reçues, il existe parfois de belles idées. Quelques temps plus tard, ces idées ont changé, grandi, pour se concrétiser sous différents aspects. De la création artistique à la déclaration, tout a commencé par une idée. Une idée belle. Pourtant toutes les concrétisations ne sont pas belles. Le pire est de se dire que certaines n’ont pas eu le temps de se concrétiser, de grandir. L’idée en elle même, qu’elle soit réfléchie et désirée ou non, peut être séduisante, se faire tentatrice. Même quand elle n’existe que dans le cœur de quelques personnes… même si elles ne sont que deux ! Et puis ces mêmes idées blessent parfois. Parfois même, on blesse et on tue pour des idées. Et même encore, parfois on meurtrit et assassine contre des idées. Moi, je n’ai encore tué personne. Et personnellement, je ne tuerai personne. Du moins pas encore. Même les idées. Enfin, je crois. Un médecin s’en chargera pour moi. Car oui, vous l’ignoriez peut être, mais les plus grands assassins d’idées ne sont pas hommes politiques ou écriveurs, et ils ne sont pas forcément communistes ! Non, ils sont médecins. En tout cas, vous voyez déjà le bordel que c’est là dedans. Une sorte de mélange emmêlé où s’emmêlent les idées. C’est exactement ce même bordel dans ma tête, dans mon cœur, et sûrement dans le ventre de cette magnifique Demoiselle. Et c’est sûrement pire pour elle. Hier, elle a pleuré. Maintenant, c’est mon tour. Comme quoi, on peut même pleurer pour des idées. Même si l’idée est belle. Enfin, « était » belle. Et que cette idée, on l’a faite à deux sans vraiment le savoir. Mais qu’au final, elle nous prend aux tripes et aux cœurs, et qu’on s’y attache… à l’idée hein ! Il y a des idées qu’on aimerait concrétiser en Art et qu’on laissera pourtant crever. A nous deux, on a construit une idée. Et je m’apprête à la tuer.

Et bientôt, nous perdrons ce que n’existe pas encore. Soit en somme, une idée.

D’ici demain, je serai un assassin d’idée.